Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
DU CANADA.

laissée dans la baie St.-Bernard, eut une fin encore plus funeste. Peu de temps après le départ de la Salle, les Sauvages tombèrent sur le fort à l’improviste et en massacrèrent tous les habitans à l’exception de cinq. Ces cinq personnes avec quelques autres compagnons de la Salle, qui avaient déserté avant son départ, tombèrent entre les mains des Espagnols, jaloux de l’entreprise des Français, et résolus de la faire échouer s’il était possible. Les rapports de ces prisonniers les tranquillisèrent ; mais ceux qui pouvaient fournir des renseignemens utiles sur le pays, furent enfouis dans les mines du Nouveau-Mexique. Les autres, fils d’un Canadien nommé Talon, étaient d’un âge encore trop tendre pour avoir pu faire des observations de ce genre, et leur sort ayant touché la générosité du vice-roi du Mexique, il les prit sous sa protection et les éleva à sa cour. Lorsqu’ils furent plus vieux, il les fit entrer dans la marine espagnole ; et après diverses aventures plus ou moins romanesques, l’un d’eux revit la France.

Telle fut la malheureuse issue d’une expédition qui avait inspiré les plus grandes espérances, et qui aurait probablement réussi, si l’on se fût borné à former un établissement là où l’on était, sans porter pour le moment son attention ailleurs. En effet, le Texas est l’un