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DU CANADA.

avancé qu’un autre pour que celui-ci ait droit de le conquérir[1].

Le Rat (ou Kondiaronk son nom huron) brillait autant dans les conversations particulières que dans les assemblées publiques, par son esprit et ses reparties vives, pleines de sel et ordinairement sans réplique. Il était le seul homme en Canada qui pût, en cela, tenir tête au comte de Frontenac, qui l’invitait souvent à sa table ; et il disait qu’il ne connaissait parmi les Français que deux hommes d’esprit, ce gouverneur et le P. de Carheil. L’estime qu’il portait à ce Jésuite fut ce qui le détermina, dit-on, à se faire chrétien.

Sa mort causa un deuil général ; son corps fut exposé, et ses funérailles auxquelles assistèrent le gouverneur, toutes les autorités, et les envoyés des nations indiennes qui se trouvaient à Montréal, se firent avec une grande pompe et les honneurs militaires. Il fut inhumé dans l’église paroissiale. L’influence et le cas que l’on faisait de ses conseils parmi sa nation étaient tels, qu’après la promesse que M. de Callières avait faite à ce chef mourant de ne jamais séparer les intérêts de la nation huronne de ceux des Français, les Hurons gardèrent toujours à ceux-ci une fidélité inviolable.

  1. Voir le discours du chevalier Robert Peel, premier ministre d’Angleterre, au sujet de la guerre de l’Inde (Session 1843-4).