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DU CANADA.

bras séculier aux décisions de l’Église qu’il s’attirait son animadversion ; et pourtant en principe, c’était la politique la plus sage, car que sont devenus les pays théocratiques ? Qu’est devenu le gouvernement fondé par les Jésuites au Paraguay ? Que sont aujourd’hui les malheureux Romains sous les bayonnettes mercenaires de l’étranger ? L’inquisition étouffe tout. « Je frémis, dit un voyageur, à l’aspect de la dépopulation de la campagne de Rome ; je crois assister à l’agonie d’une société en décadence. C’est un spectacle bien triste que la mort d’inanition d’une grande ville. »

En jugeant M. de Frontenac comme homme d’état, en l’appréciant d’après l’ensemble de ses actes et les résultats de sa politique, on doit le ranger dans le petit nombre des administrateurs de ce pays, qui lui ont rendu des services réels. Au reste, dit lui même Charlevoix, « la Nouvelle-France lui devait tout ce qu’elle était à sa mort, et l’on s’aperçut bientôt du grand vide qu’il y laissait. » L’abolition de la compagnie des Indes occidentales, l’introduction de l’ordonnance de Louis XIV de 1667, le droit d’emprisonnement limité au gouverneur, au procureur général et au conseil souverain, sont les principaux événemens qui ont eu lieu sous sa première administration de 1672 à 1682. Il est un des premiers auteurs du système gigan-