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DU CANADA.

dépêche au ministre, qu’il avait été obligé un jour de sortir du cabinet de M. de Frontenac pour éviter ses injures. Quoique nous n’ayons pas les réponses de ce gouverneur à ces accusations, et qu’il serait injuste de le condamner entièrement sur le témoignage de son accusateur et de son ennemi, on ne peut se dissimuler que sa conduite à l’égard de la traite fut répréhensible, et qu’en protégeant ceux qui bravaient la justice des tribunaux, il ébranlait les bases, troublait l’harmonie de la société sur laquelle il avait été établi, pour veiller au maintien des lois.

Dans sa seconde administration, il se laissa entraîner, mais bien moins loin, dans les mêmes erremens. Les motifs de cette conduite ne sont pas néanmoins tous blâmables au même degré. Il paraît avoir été convaincu de tout temps que la traite devait être, autant que possible, libre et abandonnée à la concurrence générale comme elle l’était chez les Anglais. Plus le nombre des traitans était grand, plus l’on approchait de cette liberté. Peut-être les Indigènes n’avaient-ils tant d’estime et de respect pour M. de Frontenac, que parceque le commerce qu’ils faisaient alors avec le Canada leur était plus avantageux. Sa hauteur et sa jalousie sont aussi des défauts qu’on aimerait à ne pas trouver dans son portrait, dé-