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DU CANADA.

partis qui divisaient alors le Canada. Le parti clérical dont, à l’exemple de plusieurs de ses prédécesseurs, il voulait s’affranchir et restreindre l’influence dans les affaires politiques, l’a peint sous des couleurs peu favorables. Il lui reprochait deux torts très graves à ses yeux, c’était d’être un janséniste secret[1], et de tolérer, d’encourager même la traite des boissons chez les Sauvages. Aujourd’hui que Pascal est réclamé comme une des lumières du catholicisme, on doit être indulgent sur le premier reproche. Le second est plus grave, et fut en toute probabilité la cause première du rappel de ce gouverneur en 1682. On a vu qu’à cette époque, ses démêlés avec l’intendant, M. Duchesneau, avaient obligé la cour de les rappeler tous deux. La traite des boissons était défendue chez les Indiens, et cependant « il la laissait faire, en profitait même », écrivait l’intendant, en transmettant à la cour des remontrances répétées et les plus énergiques. Il avait voulu faire observer les ordonnances prohibitives, comme chef de la jus-

  1. « Pour ce qui est de sa lecture habituelle, ne la faisait-il pas souvent dans les livres composés par les Jansénistes ; car il avoit plusieurs de ces livres qu’il préconisoit fort, et qu’il prêtoit volontiers aux uns et aux autres » : Notes au bas de l’oraison funèbre de M. de Frontenac prononcée dans l’Église des Récollets à Québec, par le P. Goyer, le 19 décembre 1698 (Manuscrit).