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DU CANADA.

Tandis que ses murailles menaçantes s’écroulaient ainsi sous la mine des vainqueurs, le colonel Church s’embarquait avec 500 hommes pour aller ravager l’Acadie. Il brûla Beaubassin malgré la neutralité qui avait été garantie aux habitans de cet endroit par Phipps, et s’en retournait chargé de butin à Boston, lorsqu’il rencontra un renfort de 3 vaisseaux, dont un de 32 canons, avec 200 hommes de débarquement, qui lui apportait l’ordre de prendre le fort du chevalier de Villebon. Il vira de bord, et se présenta devant Naxoat dans le mois d’octobre avec une grande assurance ; M. de Villebon, fait prisonnier en revenant de Pemaquid et rendu à la liberté, venait d’y rentrer. Le colonel Church éprouva une résistance beaucoup plus grande et beaucoup plus vive que celle sur laquelle il avait compté, et au bout de quelques jours d’un siége inutile, désespérant du succès, il se rembarqua et disparût. C’est pendant ces hostilités en Acadie que la désolation régnait sur les frontières anglaises, et que les flammes de York et des établissemens d’Oyster river annonçaient au loin la présence des Canadiens et des Abénaquis. La population tremblante ne tournait plus les yeux vers le nord qu’avec effroi, craignant à chaque instant de voir sortir des forêts ces ennemis impitoyables qui, comme un torrent, ne laissaient que des ruines sur leur passage.