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HISTOIRE

contraires arrivèrent trop tard pour être exécutés.

Cependant la lutte en Europe épuisait les ressources de la France. Le ministère, tout en enjoignant de presser les Iroquois avec vigueur, recommandait l’économie, disant qu’il n’y avait pas d’apparence que le roi pût supporter longtemps la dépense à laquelle la guerre du Canada l’engageait, dépense qui s’éleva en 1692, seulement pour la solde de 1300 hommes avec les officiers, à 218 mille francs (Documens de Paris) ; et qu’il voulait que les colons vécussent dans l’étendue de leurs établissemens, c’est-à-dire en d’autres termes, que tous les postes dits des pays d’en haut fussent évacués. L’on sait que les cantons étaient excités aux hostilités par les Anglais, parce que ces derniers voulaient s’emparer au moins de tout le commerce de l’Ouest s’ils ne pouvaient pas conquérir la Nouvelle-France. Par le plus étrange des raisonnemens, la cour allait abandonner justement les contrées dont l’Angleterre convoitait le plus ardemment la possession, et évacuer tous les postes du Mississipi et des lacs, auxquels les marchands canadiens attachaient tant d’importance, qu’ils avaient avancé des fonds au commencement de la guerre pour leur entretien[1]. Le comte de Frontenac

  1. Documens de Paris.