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HISTOIRE

en juin ne paraissant point, il les fit inviter de venir dégager leur parole à Montréal. Ils répondirent, en faisant les surpris, qu’ils ne se rappelaient pas d’avoir donné cette parole ; et que si l’on avait quelque chose à leur communiquer, l’on pouvait bien venir les trouver chez eux.

Afin de s’attacher les cantons plus étroitement, la Nouvelle-York leur donnait, par un stratagème commercial bien connu, ses marchandises à perte dans le dessein de ruiner les traitans français, ou de les leur rendre odieux, en disant qu’ils ne cherchaient qu’à les dépouiller de leurs pelleteries. On sut aussi qu’elle les excitait sans cesse à exterminer toutes les tribus avec lesquelles nous faisions quelque négoce ; et que tous les cantons se préparaient à faire une guerre à mort au Canada. La cupidité armait tout le monde, et deux nations européennes et hostiles venaient en concurrence commerciale, la pire de toutes, sous les huttes de ces Sauvages. Quelle facilité n’y avait-il pas de mettre en jeu les moyens les moins avouables au milieu de populations plongées dans les ténèbres de l’ignorance ? Que de crimes ne pouvait-on pas cacher à la faveur de leur barbarie ? Au reste, pour contrebalancer l’influence anglaise d’une manière efficace et permanente, la France n’avait