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DU CANADA.

firent croire que les lois de la nature changeaient à mesure qu’ils avançaient. Tantôt ils tombaient dans le plus grand découragement ; tantôt, perdant patience, ils poussaient des cris de révolte, et allèrent même un jour jusqu’à menacer Colomb de le jeter à la mer. Le génie ferme de ce capitaine ne l’abandonna point, et il réussit à les maîtriser, et à relever leur courage. Il y avait 70 jours qu’ils avaient quitté Palos, lorsque, dans la nuit du 12 octobre, une lumière qui allait et venait à quelque distance des bâtimens, frappa tout-à-coup la vue de Colomb, qui, n’osant s’en rapporter à ses yeux, la fit observer à un homme qui était près de lui. L’on attendit le jour avec la plus grande anxiété. Dès qu’il commença à poindre, on aperçut la terre. À ce spectacle, tout le monde fut transporté d’une vive allégresse sur les trois navires ; l’on entonna à haute voix le Te Deum en action de grâces ; des larmes de joie coulaient de tous les yeux.

Quand le soleil fut levé, on lança toutes les chaloupes à l’eau, et on les arma : chacun mit ses plus beaux habits. Colomb fit déployer les étendards, et donna l’ordre de ramer vers le rivage aux accens d’une musique guerrière. Il fut le premier qui y mit le pied, tenant une épée nue à la main. Tous les Espagnols tombèrent à genoux et baisèrent cette terre qu’ils