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scènes qu’elles retraçaient, et le Canada occupait à peine l’attention de la France, lorsque le sort des amies le fit passer en d’autres mains. Après cet événement, les écrivains, qui laissent des matériaux pour l’histoire canadienne de leur temps, deviennent encore plus rares.

Parmi les auteurs dont nous venons de parler, et qui sont antérieurs à la conquête, il ne faut pas confondre, cependant, le célèbre Jésuite Charlevoix. Le plan étendu de son Histoire de la Nouvelle-France, l’exactitude générale des faits qu’il développe, son style simple et naturel, lui ont assuré depuis longtemps un rang distingué en Amérique ; et le Canada le réclame encore aujourd’hui comme le premier de ses historiens.

Il faut reconnaître néanmoins qu’il s’abandonne quelquefois à une pieuse crédulité, et que ses affections exercent sur lui une influence à laquelle il ne peut pas toujours se soustraire. Mais cela est bien pardonnable dans celui dont l’état imposait des obligations que le caractère d’historien ne pouvait même faire rompre.

Du reste, il parle des hommes et des choses avec autant de modération qu’il sait, en général, juger avec sagesse et impartialité. Ses rapports intimes avec la cour de France lui ont procuré l’avantage de puiser à des sources précieuses ; et notre histoire, qui n’était jusqu’à lui qu’un