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HISTOIRE

C’est vers cette année que des affaires de famille, et peut-être quelques difficultés avec le gouverneur, provenant moins de la différence de vues que de la différence de caractère, engagèrent Talon à repasser en France, mais avec l’intention de revenir en Canada. Il se plaignit, dit-on, à la cour des manières de M. de Courcelles à son égard. Ce dernier doué de grands talens administratifs et qui a eu la gloire de gouverner le Canada pendant l’une des périodes les plus intéressantes de son histoire, manquait quelquefois d’activité. L’intendant au contraire concevait et exécutait rapidement, il ne pouvait rester un instant dans l’inaction. Il décidait bien des choses sans en communiquer avec M. de Courcelles, afin d’éviter un retardement préjudiciable au service du roi et au bien de la colonie. L’on conçoit facilement qu’une telle conduite était de nature à déplaire au gouverneur, qui paraît aussi n’avoir pas toujours été d’un commerce égal, et qui de plus n’approuvait pas la politique de ménagemens de l’intendant pour le clergé contre lequel il s’était laissé prévenir, quoiqu’au fond l’opinion de ces deux hommes fût la même sur cette matière. Seulement Talon, placé entre le gouverneur et M. de Pétrée, avait plus de motifs de se comporter avec prudence, chose nécessaire d’ailleurs à la