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PRÉLIMINAIRE.

provinces anglaises auxquelles ils avaient résisté pendant un siècle et demi avec tant d’honneur, ils ne désespérèrent pas, néanmoins, de leur position. Ils exposèrent au nouveau gouvernement leurs vœux en réclamant les droits qui leur avaient été garantis par les traités ; ils représentèrent avec un admirable tact que la différence même qui existait entre leur langue et leur religion et celles des colonies voisines, les attacherait plutôt à la cause métropolitaine qu’à la cause coloniale : ils avaient deviné la révolution américaine.

Le hasard a fait découvrir dans les archives du secrétariat provincial à Québec, un de ces mémoires, écrit avec beaucoup de sens, et dans lequel l’auteur a fait des prédictions que les événemens n’ont pas tardé à réaliser. En parlant de la séparation probable de l’Amérique du nord d’avec l’Angleterre, il observe « que s’il ne subsiste pas entre le Canada et la Grande-Bretagne d’anciens motifs de liaison et d’intérêt étrangers à ceux que la Nouvelle-Angleterre pourrait, dans le cas de la séparation, proposer au Canada, la Grande-Bretagne ne pourra non plus compter sur le Canada que sur la Nouvelle-Angleterre. Serait-ce un paradoxe d’ajouter, dit-il, que cette réunion de tout le continent de l’Amérique formée dans un principe de franchise absolue, préparera et amènera enfin