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HISTOIRE

sacrifiés à la cruauté de leurs vainqueurs. Ils ne devaient plus songer à revoir leurs parens, leurs amis, leur patrie, enfin tout ce qu’ils avaient de plus cher, leurs femmes et leurs enfans. Ils devaient s’incorporer à leur nouvelle famille et à leur nouvelle tribu, à tel point qu’ils pussent haïr tout ce qu’elles abhorraient, fût-ce même leur propre patrie, fût-ce même leur propre sang.

Mais telle était l’organisation des Indiens, la placidité de leur tempérament, que cet usage était reçu universellement parmi eux. Ils oubliaient tous leurs anciens souvenirs ; ceux de la patrie qui sont gravés si profondément dans le cœur des hommes de la race européenne, disparaissaient de leur mémoire comme s’ils ne s’y étaient jamais arrêtés. Ce caractère particulier qui permettait de rompre sans grande secousse les liens du sang les plus rapprochés, contribua sans doute à la conservation d’une coutume à laquelle toutes ces peuplades libres se soumettaient sans même pousser un murmure.

Les animosités nationales étaient héréditaires et difficiles à éteindre ; mais enfin on se lassait de verser le sang, et la paix devenait nécessaire. La tribu qui en avait le plus de besoin devait faire les premières démarches ; ce qui demandait beaucoup de prudence. Il fallait