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DISCOURS

savans hollandais vinrent après eux. Le Français, Louis de Beaufort, acheva l’œuvre de destruction ; il fut le véritable réformateur ; mais s’il démolit, il n’édifia point. Le terrain étant déblayé, le célébré Napolitain, Vico, parut et donna (1725) son vaste système de la métaphysique de l’histoire[1] dans lequel, dit Michelet, existent déjà en germe du moins, tous les travaux de la science moderne. Les Allemands saisirent sa pensée et l’adoptèrent ; Niebuhr est le plus illustre de ses disciples.

Cependant la voix de tous ces profonds penseurs fut peu à peu entendue des peuples, qui proclamèrent, comme nous venons de le dire, l’un après l’autre, le dogme de la liberté. De cette école de doute, de raisonnement et de progrès intellectuels, sortirent Bacon, la découverte du Nouveau-Monde, la métaphysique de Descartes, l’immortel ouvrage de l’esprit des lois, Guisot, et enfin Sismondi, dont chaque ligne est un plaidoyer éloquent en faveur du pauvre peuple tant foulé par cette féodalité d’acier jadis si puissante, mais dont il ne reste plus que quelques troncs décrépits et chancel-

  1. Son livre dédié au pape Clément XII, porte le titre de la Nouvelle Science (Scienza nuova). La Biographie universelle contient un article très-détaillé sur cet auteur et ses ouvrages.