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PRÉFACE

de nous, le meilleur barde de l’assistance se mettait à conter, tandis que les autres fumaient leurs fines pipes et écoutaient avec attention.

« Mon ami, un Coréen nommé Kim, instituteur de profession, m’accompagnait, et nous notions les récits, rapidement, phrase par phrase, en nous efforçant de conserver leur saveur et leur simplicité.

« J’écoutais ces contes, tantôt le soir, après un dîner hospitalier, tantôt lorsque nous nous reposions sur une éminence, d’où nos regards pouvaient embrasser le vaste panorama des plaines et des montagnes, d’un délicat dessin automnal qui rappelle celui des vieux tapis persans.

« En gerbes de rayons violets et orangés, le jaune soleil d’Orient se couchait dans toute sa majesté. Après avoir étincelé de mille flammes, il s’éteignait et mourait dans les pâleurs crépusculaires. À ce moment-là, les êtres rassemblés autour de nous, et les paysages, semblaient participer d’une époque fabuleuse. »

Ces contes si joliment illustrés par l’artiste chinois M. Ju-Péon sont d’une originalité extrême. On ne pourrait les comparer à ceux de Charles Perrault. Les récits de notre admirable conteur français portent la marque obsédante du XVIIe siècle ; les fantastiques événements se déroulent sous Louis XIV, et il a fallu les