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NIAN ET TORI-SI

Il disait :

« Je n’ai aucun bien, il faut que je me marie, et où prendrai-je l’argent nécessaire ? Qui consentira sur terre à m’épouser ? Je suis si pauvre ! Les riches recherchent les riches, mais ici, tous sont égaux et nul n’a besoin d’argent ! »

La prière de Nian était si fervente que Okonchanté en fut touché.

« Je ne puis rien changer à ce qui est écrit dans le livre des destinées et je ne saurais où prendre une nouvelle vie pour cette jeune fille. Mais voici ce que je puis te proposer : d’après le livre des destinées, tu dois vivre jusqu’à 68 ans, donne autant d’années qu’il te plaira à ta compagne et emmène-la sur terre. »

Nian partagea en parties égales le restant de sa vie, il en prit une moitié et donna l’autre à la jeune fille.

« Suivez ce petit chien, leur dit alors Okonchanté.

— Nous allons d’abord faire une marque, » dit Nian.

Et chacun d’eux écrivit son nom sur le dos de l’autre.

Puis ils suivirent le chien et quand celui-ci, arrivant à une rivière, s’y jeta, ils s’y précipitèrent et du coup, leurs âmes regagnèrent dans leur corps.

Alors, chacun d’eux raconta aux siens ce qui lui était arrivé.

Du vivant de sa fille, le père de celle-ci avait décidé de la marier à un ami. Aussi feignit-il de ne pas croire à ce qu’elle racontait, assurant qu’une main complaisante avait écrit le nom de Nian sur le dos de Tori ; et il hâtait les préparatifs de la noce autrefois projetée.