LE HUIT-FOIS MALHEUREUX
Un homme peut connaître huit sortes de bonheurs : posséder un tombeau assez vaste pour y ensevelir ses ancêtres, avoir une bonne épouse, vivre longuement, se voir père de nombreux enfants, récolter le grain en abondance, posséder de grandes richesses, être aimé de nombreux frères, être savant. Mais il est des hommes qui ne jouissent jamais d’aucun de ces bonheurs. On les appelle les Huit-fois malheureux, les Pkhar-ke-bogui.
Minoran-Doui était un de ceux-là. Sa famille même l’avait abandonné. Cependant il arriva que Minoran fit la rencontre, un jour, d’une fille jeune et jolie appelée Diou-Si ; il l’aima et il en fut aimé. Mais les Huit-fois malheureux ne peuvent se soustraire à leur sort, et Diou-Si paya cher sa rencontre avec Minoran : ses affaires périclitèrent, son bétail dépérit, ses champs refusèrent toute récolte.
Un matin, au réveil, Diou-Si ne trouva plus auprès d’elle son bien-aimé. Minoran lui annonçait, dans une lettre, qu’il avait décidé de la quitter, bien qu’il la chérît