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ainsi . « Le Dieu de vérité vous sauve, Sire ! je suis envoyé vers vous par ceux de Gascogne ; le preux et gentil comte Yves est mort. » Le Roi, attristé de ces nouvelles, lui accorda le dernier regret : « Vous fûtes à la male heure, franc chevalier ; vous étiez de mes grands amis. — « Sire, » dit Hardré, « c’est la loi commune ; il faut laisser le mort à la mort, et penser aux vivants. Donnez le fief du comte Yves à quelqu’un dont vous connaissiez la « fidélité. — Vous avez bien dit, » fait le Roi, et regardant le jeune Begon : « Approchez, ami, je vous octroie le fief de Gascogne. — Grands mercis. Sire ! » Ce disant, il tomba aux genoux du Roi, recueillit le don et devint son homme-lige. De plus, Pépin voulut que Garin et lui fussent sénéchaux de toute la France. Il en pesa durement à plusieurs, et surtout au vieux Hardré : « Sire, » dit-il, « le don que vous venez de faire causera bien des maux ; ma race est de la terre bordeloise, vous auriez dû penser à mon fils. — Que Fromondin, » dit le Roi, « n’ait pas de regrets : si Dieu me donne vie, il aura la première terre qu’il estimera de sa convenance, parmi celles qui me reviendront. — Je ne me plains donc pas, » répondit Hardré.

A quelque temps de là, un messager, arrivant de Thierache, vint annoncer au Roi que les Flamands d’outre-Rhin avaient mis le siège devant Montloon. Pépin n’eut pas la nouvelle pour agréable. « Sire, » dit alors Begon, « nous sommes en âge de porter nos armes ; faites quatre chevaliers de mon frère Garin, de Froment, de Guillaume et de moi. Nous en avons grand désir. — J’y consens, » répondit le Roi. Et demandant aussitôt des armes et de riches vêtements, il commença par adouber Garin, puis Begon, puis Fromont et Guillaume. Riche fut la distribution de vair et de gris, et grande fut la fête. Après le manger