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les écoles des districts, publiques et libres. Des prix en argent étaient décernés aux meilleurs élèves ainsi qu’aux maîtres. Quelques parents parmi les protestants, désireux avant tout de faire donner l’enseignement français à leurs enfants, les envoyaient à l’école libre du missionnaire catholique. Il n’était pas rare que peu de temps avant le concours, un enfant plus instruit fût retiré de l’école du missionnaire catholique à l’instigation de la mission protestante et présenté comme provenant de l’école publique, dont le pasteur indigène était l’instituteur titulaire ; certains parents se sont vus menacés de l’interdiction de la cène si, ne voulant pas se prêter à cette supercherie, ils envoyaient leurs enfants au concours. J’ai été personnellement témoin du fait ci-après : À l’inspection des écoles de l’île Moorea, en 1882, la commission déléguée par le conseil de l’instruction publique remarqua à l’école libre du district de Haapiti, tenue par le missionnaire catholique Joseph Eich, un jeune garçon d’une douzaine d’années, dont les connaissances en langue française étonnèrent les membres de cette commission. Recommandation fut faite au missionnaire de présenter cet enfant au prochain concours. À la date fixée ce jeune garçon ne se fit pas inscrire ; renseignements pris, je fus informé que la famille avait été menacée d’être exclue de la communion, si l’enfant était présenté au concours comme provenant de l’école du missionnaire catholique. La famille, peu aisée, perdit dans cette circonstance une somme assez importante, le prix qu’il eût obtenu, et le missionnaire la récompense de ses efforts.

Ce fait et d’autres encore ont eu leur écho dans la