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tricts, qui avaient bien voulu accepter les fonctions d’instituteur.

Les pasteurs français nouvellement arrivés sont hommes de religion avant tout ; et guidés par leurs confrères anglicans qui craignent que leurs ouailles n’échappent à leur domination, ils ont cru voir un danger pour leur évangélisation dans une mesure sur laquelle reposait l’avenir du pays.

On ne leur a pourtant pas laissé ignorer qu’en Océanie, à Tahiti comme ailleurs, protestant est synonyme d’Anglais ; ils pouvaient réagir contre cette interprétation en démontrant aux indigènes qu’on peut être en même temps protestant et français ; et ce, en se séparant nettement de leurs confrères anglicans, en secondant de tous leurs moyens l’administration dans son œuvre de francisation par les écoles. Loin de là, leurs débuts se sont affirmés par une mesure dont le résultat a été de plonger pendant de longues années les Tahitiens dans l’ignorance de notre langue.

L’ordonnance du 30 octobre 1862 n’a pu être soumise en temps utile à la ratification de l’assemblée législative ; les pasteurs français savent qu’ils ont pour eux la loi du 7 décembre 1855, leurs confrères anglicans s’étant chargés de le leur démontrer. La Reine, bien que convaincue qu’aucun danger n’existe pour le culte qu’elle et la majorité de ses sujets professent, croit devoir donner des gages de bonne entente et d’amitié aux ministres de sa religion que la France lui envoie et… l’ordonnance du 23 mars 1865 vient étouffer l’essor qu’allait prendre la civilisation dans ces îles.

Assurément les pasteurs ont fait œuvre de protestants, mais ont-ils fait œuvre de Français ?