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deux dialectes s’étendent dans toutes les parties de l’Inde où est parvenu le nom musulman.

L’hindoui modernisé de la même manière, mais employé par les Hindous et écrit avec l’alphabet dévanagari, s’appelle de préférence hindi. On y emploie moins de mots persans et arabes. Du reste, la grammaire est la même et les formes des mots sont tout à fait identiques. On nomme aussi khari boli, खड़ी बोली, et luch, लुच, ou ṭhenṭh, ठेंठ, c’est-à-dire, langage pur, le dialecte de cette langue usité à Dehli et à Agra, et des-bhaschâ, देश भाषा, ou langue du pays, le dialecte hindi des autres provinces. Le dialecte vulgaire, que les Anglais nomment moor’s, est quelquefois appelé par les Indiens उप भाषा ou langue vulgaire.

Ainsi l’hindoustani et l’hindi sont deux dialectes de la même langue, séparés par la différence des mots et par l’emploi d’une écriture totalement distincte.

Mais l’hindoui est réellement une langue à part ; les formes grammaticales sont autres, les mots sont presque toujours différents ; enfin, on n’y rencontre généralement aucun mot arabe ni persan[1]. C’est au point que celui qui ne connaîtrait que l’hindi aurait de la peine à comprendre un ouvrage hindoui, et que cet ouvrage serait tout à fait inintelligible pour celui qui ne connaîtrait que l’hindoustani musulman.

Actuellement que les distinctions entre ces branches du langage indien sont bien établies, nous devons revenir à l’hindoui et répéter[2] la légende merveilleuse qui le concerne.

  1. Par exemple, dans le Râmâyana de Tulcî-dâs, je n’ai trouvé que le mot persan बाग باغ « jardin », et dans la traduction du Mahâbhârata, que les mots arabes काफिला قافلہ « caravane, » et नियत نیت « dessein. » Toutefois, il y a quelques mots arabes et persans dans les poésies des réformateurs, parce que, leur but étant de fondre l’islamisme dans l’hindouisme, ils ont dû employer des mots relatifs à la religion musulmane, mots qui naturellement sont presque tous arabes ou persans.
  2. Voyez mes Quelques mots sur le braj-bhâkhâ (Journ. asiat. nov. 1826).