Page:Garcin de Tassy - Rudiments de la langue hindi.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et de l’Inde centrale, c’est-à-dire à Dehli, à Ajmir, dans tout le Rajpoutana et le Malwa, à Agra, à Aoude, à Prayag (Allahabad), dans le Bihâr[1]. On peut même dire qu’il s’étendit dans le Guzarate et le pays mahratte ; car on doit rattacher à l’hindoui les dialectes guzarati et mahratte, qui ne sont que deux branches plus jeunes d’un même tronc[2]. On les considère, à la vérité, comme des langues distinctes, surtout, je crois, parce qu’ils ont des écritures particulières ; mais il suffit d’un coup d’œil jeté sur leur grammaire et sur leur dictionnaire, pour se convaincre du contraire[3].

C’est de l’hindoui, dont un dialecte s’est conservé jusqu’à ce jour, sous le nom de braj-bhâkhâ ou langue de Braj[4], dans le pays que la légende de Krischna a rendu célèbre, que s’est formé à son tour l’hindoustani moderne, adopté à la fois par les Hindous et par les musulmans. Ces derniers ont répandu l’hindoustani dans toute l’Inde, à tel point qu’on assure que, le chinois excepté, cette langue est celle qui est parlée par un plus grand nombre d’hommes.

L’hindoui peut se comparer parfaitement à notre langue

  1. Le colonel Tod (As. journ. octobre 1840) fait observer, avec raison, que les différences qu’il peut y avoir entre les dialectes hindoui, par exemple entre ceux du Marwar et de Braj, sont pareilles à celles qui existent, selon les localités, dans la langue vulgaire du midi de la France, qui représente celle des troubadours.

    Golebrooke (As. Res. VIII, 219) pense que dix langues différentes étaient anciennement parlées dans l’Hindoustan et le Décan ; mais Vans Kennedy (As. jour. avril 1842), est d’avis que ces dix langues peuvent être réduites à deux principales : une au nord, de laquelle est dérivé l’hindi, le bengali, le mahratte, le guzarati, le panjabi (c’est la grande branche hindoui et hindoustani) ; et l’autre au midi, d’où est dérivé le télinga ou télougou, le tamoul, le canara, le malayalam et le tuluwa.

  2. M. Th. Pavie soutient avec succès cette thèse dans une lettre, datée de Pondichéry, qui a été insérée dans le numéro de mars 1841 du Journal asiatique.
  3. C’est au point que le Dictionnaire mahratte de Molesworth peut servir pour l’hindoui.
  4. Ce dialecte représente l’ancien idiome sauracéni, sur lequel on peut consulter la Grammaire pracrite de Lassen.