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RUDIMENTS


DE


LA LANGUE HINDOUI.




INTRODUCTION.


À l’époque même où la belle langue classique de l’Inde était employée comme langue vivante, on se servait concurremment d’autres idiomes vulgaires ou patois. Les intéressants drames qui nous restent de ces temps reculés nous en fournissent la preuve. Ces dialectes, qui portent le nom générique de pracrit, ont donné naissance aux idiomes provinciaux modernes dérivés du sanscrit, qui paraissent s’être formés dès avant le Xe siècle[1]. Le plus important de tous fut celui qui s’éleva dans l’Hindoustan proprement dit, là même où le sanscrit était le plus florissant, et qui, lorsque cet idiome admirable cessa d’être employé comme langue parlée, le remplaça et mérita d’être appelé, par excellence, langue des Hindous ou hindoui. Il fut usité, dès le temps dont nous parlons, dans les royaumes de l’Inde du nord

  1. Il sera toujours fort difficile, sinon impossible, de savoir en quel temps l’idiome hindoui s’est détaché du sanscrit. « Cette révolution, comme le dit M. Fauriel, en parlant du grec moderne, s’est faite sans être observée. Elle ne s’est point opérée tout d’un coup, mais lentement par degrés et de manière à n’être manifeste que bien longtemps après son commencement réel. »