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l’amrita et la déesse Sri devinrent pour eux la cause d’une implacable ininimitié.

Nârâyana eut recours à la ruse ; il prit la forme d’une belle femme, de Mohinî[1], et se présenta aux dânavas. Les dânavas et les dêtyas, séduits par la beauté de cette femme, eurent l’esprit troublé, et lui donnèrent l’amrita.

Alors les dêtyas et les dânavas se couvrirent de belles armures, s’armèrent de toutes pièces, et marchèrent tous contre les dévas. Le divin, le puissant et illustre Vichnou, accompagné de Nara, prit l’amrita des mains des principaux asouras, et le donna aux dévas, qui le burent au milieu du désordre et du tumulte du combat.

Pendant que les dévas buvaient l’amrita si désiré, le dânava Râhou, sous la forme d’un soura, vint en boire à son tour. L’amrita n’était encore que dans la gorge du dânava, lorsque la lune et le soleil, amis des souras, leur découvrirent la supercherie.

Tandis qu’il buvait l’amrita, le grand Nârâyana lui porta un violent coup de tchakra[2] et lui trancha la tête. La tête énorme du dânava, semblable à la cime d’une montagne, s’élança vers les cieux, en poussant un cri terrible ; le tronc tomba en s’agitant sur la terre, et ébranla les îles, les montagnes et les forêts. À partir de ce moment, la tête de Râhou conçut une haine éternelle envers la lune et le soleil, et maintenant encore il les dévore tous deux.

Le grand Hari, quittant cette belle forme de femme qu’il avait prise, saisit ses armes redoutables, et jeta l’épouvante dans les rangs des dânavas. Sur le rivage de l’Océan, un combat terrible s’engagea entre les souras et les asouras. Les flèches acérées, les javelines aiguës, les traits de toute espèce,

  1. Mohinî est l’illusion personnifiée, et représentée sous les traits d’une femme.
  2. Le tchakra est une arme qui a la forme d’un disque garni de pointes aiguës et que porte Vichnou.