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Le vénérable et divin Ananta était auprès de Nârâyana ; il tirait la tête du serpent et la lançait à plusieurs reprises. Le serpent Vasouki, violemment agité par les souras, vomissait des torrents de flammes et de fumée, qui s’élevaient en nuages épais et lumineux, et tombaient sur les troupes des souras, fatigués par le travail et la chaleur. Du haut de la montagne, une pluie de fleurs se répandait de tous côtés sur les souras et les asouras ; on entendait un grand bruit semblable à celui que fait un grand nuage : c’était le mugissement de l’Océan que les souras et les asouras agitaient en faisant tournoyer le Mandara. Mille productions des eaux furent broyées et détruites, et une foule d’animaux, habitants des profonds abîmes de la mer, périrent écrasés par le Mandara. Dans ce mouvement rapide imprimé à la montagne, les arbres, s’entrechoquant, tombaient du haut de ses cimes avec les oiseaux qui les habitaient. Leur choc produisit un feu dont la flamme, brillante comme l’éclair, enveloppa le mont Mandara d’un noir nuage de fumée. Les éléphants et les lions, cherchant à fuir, furent consumés par les flammes ; tous les êtres vivants et les diverses productions furent la proie de l’incendie.

Le roi des immortels, Indra, fit tomber l’eau des nuages, et éteignit ce feu qui étendait ses ravages de tous côtés.

Alors un jus, formé par la décomposition des arbres et des plantes, se répandit dans les eaux de l’Océan ; ce fut dans ce jus, semblable à du lait, qui devait produire l’amrita, et dans un mélange d’or fondu, que les souras trouvèrent l’immortalité.

Les eaux de l’Océan, mêlées à ce jus excellent, se changèrent en lait, et de ce lait se forma du beurre. Les dévas retournèrent auprès de Brahma, le dispensateur des grâces, qui était assis, et lui dirent : « Brahma, les dânavas et nous, excepté le divin Nârâyana, sommes très-fatigués, et l’amrita ne paraît pas encore, bien que depuis longtemps nous barattions l’Océan. » Alors Brahma dit au divin Nârâyana : « Vichnou, donne-leur de