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plantes grimpantes ; on y entend les chants d’une quantité innombrable d’oiseaux ; il est peuple de serpents ; il est la demeure des kinnaras, des apsaras[1] et des dévas eux-mêmes ; il est élevé de onze mille yojanas, et, sous terre, il a la même mesure en profondeur.

Les troupes des dévas, ne pouvant le soulever, allèrent trouver Vichnou qui était assis avec Brahma, et leur dirent : « Seigneurs, prêtez-nous l’appui de votre intelligence suprême et qui donne le souverain bonheur, et, pour notre bien, aidez-nous à soulever le Mandara ; réunissez vos efforts aux nôtres. Soit, dirent Brahma et Vichnou fils de Bhrigou ; » et le dieu magnanime aux yeux de lotus ordonna au roi des serpents de paraître.

Le robuste Ananta, obéissant à l’ordre de Brahma, parut, et Nârâyana lui ordonna de se mettre à l’ouvrage. Alors le vigoureux Ananta souleva violemment cette reine des montagnes, née de Brahma, et avec elle ses forêts et leurs habitants ; les souras le suivirent et se dirigèrent avec lui vers l’Océan ; puis ils dirent à l’Océan : « Nous allons baratter tes eaux pour en tirer l’amrita. » Le maître des eaux répondit : « J’en demande ma part, car les mouvements du Mandara me feront éprouver une grande secousse. » Les asouras et les souras dirent à la reine des tortues qui était sur le rivage : « Porte cette montagne. — Oui, reprit la tortue ; » et on mit la montagne sur son dos.

Lorsque la montagne fut sur le dos de la tortue, Indra la poussa comme une machine. Les dévas, se servant du Mandara comme d’un ribot, et de Vasouki comme d’une corde, se mirent à baratter les eaux de l’Océan. Les asouras et les dânavas les agitèrent aussi pour en tirer l’amrita. Les grands asouras tenaient une des extrémités du serpent, et tous les souras réunis se saisirent de la queue.

  1. Kinnaras, musiciens célestes ou demi-dieux, attachés au service de Kouvéra, dieu des richesses. Les apsaras sont les nymphes qui habitent le ciel d’Indra.