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Après ces légendes, fondées sur un point historique embelli par l’imagination, viennent celles qui n’ont pour tout fondement que l’imagination elle-même. On peut ranger, je pense, dans cette catégorie, les Aventures de Kamrup, légende curieuse, qui a eu en hindoustani plusieurs interprètes, tant en vers qu’en prose. En vers, Tahcin uddin[1], Zaïgam, Arzu, Haçan, Siraj ; en prose, Kundan Lal, dont l’ouvrage est intitulé Dastur-i himmat « le Modèle de la noble ambition, » ou plutôt de Himmat, par allusion au nom d’un auteur persan qu’il a pris pour modèle. On sait que cette légende a donné naissance à celle de Sindbad le Marin, qu’on a introduite dans les Mille et une Nuits, et à celle de saint Brandain, racontée par Marie de France. Les principales légendes indiennes de fantaisie sont celles de Nal o Damayanti, plus connue en Europe par l’épisode de Nalus du Mahabharata que par les nombreux poëmes hindoustanis dont elle est le sujet. Le plus célèbre de ces romans est celui qui est dû au grand poëte hindi Surdas. Viennent ensuite ceux de Mir Ali, du Bengale (Bangali), intitulé Bahar-i’ischc « le Printemps d’amour, » et celui de Ahmad Ali publié dernièrement à Lakhnau.

La Rose de Bakawali, charmante légende, où l’on trouve les doctrines indiennes encadrées dans celles du Coran, chose commune dans l’Inde et qui constitue une des particularités les plus originales de la littérature indienne moderne. Cette légende, que j’ai fait connaître d’après la rédaction en prose, entremêlée de vers, de Nihal Chand[2], a été traitée envers par Nacim, qui était professeur au collége d’Agra, sous le titre de Gulzar-i Nacim « le Jardin du

  1. J’en ai publié le texte et la traduction.
  2. Journal As., 1836, et sous le titre de la Doctrine de l’amour, 1858.