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femmes, pour ne pas tomber dans les mains du vainqueur. Selon Jatamal, au contraire, autre auteur d’un roman hindi sur le même sujet, Padmawati, bien loin de périr dans les flammes, trompe les chefs de l’armée musulmane, se rend dans leur camp suivie de neuf palanquins qui, pareils au cheval de Troie, renfermaient des guerriers rajpoutes, lesquels font main basse sur les musulmans surpris sans défense.

Deux autres poëtes hindoustanis, Ischrat et Ibrat, payent aussi leur tribut, dans des poëmes spéciaux, à l’intrépide héroïne rajpoute.

L’admirable histoire de Krischna, sujet du Bhagavat, reproduit en plusieurs versions hindoustanies, dont une des meilleures, celle de Lalach, a été traduite en français[1] est aussi l’objet des belles compositions de Bhupati, de Krischnadas et surtout de Lal, sous le titre de Prem Sagar, un des ouvrages les plus remarquables de la littérature hindie. Le texte de ce dernier ouvrage est entremêlé d’une rédaction archaïque en vers, dont les tirades coupent agréablement la prose du récit.

Enfin, l’histoire de Rama n’a pas été seulement célébrée en sanscrit par Valmiki, mais en hindi par plusieurs poëtes, entre autres par Tulcidas, dont le poëme, écrit avant 1580, a encore aujourd’hui chez les natifs une vogue plus grande peut-être que n’eut jamais celui de Valmiki. On doit à Kéçavadas le Rama Chandrika, autre Ramayana, dont Jhigan Lal a donné un commentaire ; enfin, Suraj Chand et plusieurs autres écrivains hindis ont consacré leur talent poétique à cette grande figure, que le beau travail de Gorresio et la traduction de M. Fauche ont fait connaître à l’Europe.

  1. Krischna et sa doctrine, par Th. Pavie.