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idiomes indiens différents et identiques à la fois, doubles et uniques[1].

Cette séparation de la langue indienne, nommée plus spécialement hindoustani, c’est-à-dire langue de l’Hindoustan, en idiomes hindi et urdu, a reçu sa consécration par la religion, car on peut dire d’une manière générale que le hindi est le langage des Hindous, et l’urdu celui des musulmans. Cela est si vrai, que les Hindous qui ont écrit en urdu ont imité non-seulement le style musulman, mais encore se sont pénétrés des idées musulmanes, et en lisant leurs poésies on ne s’aperçoit guère qu’ils soient Hindous.

En général, les poésies hindies ont plus de vigueur et d’énergie que les poésies urdues et dakhnies. Elles ressemblent aux anciennes poésies arabes, qui se distinguent par les mêmes qualités, et on peut appliquer aux unes et aux autres ce que Thompson a dit de la beauté (loveliness) :

Needs not the foreign aid of ornament,
But is when unadorn’d adorn’d the most
[2].

Pendant longtemps les Hindous continuèrent à écrire

  1. M. J. Beames, auteur des Outlines of indian phdlology, m’apprend que, d’après un recensement officiel récent, il y a plus de soixante-dix millions d’Indiens dont la langue maternelle est l’hindoustani, qui est d’ailleurs entendu dans toute l’Inde et même dans les pays voisins. L’honorable sir Erskine Perry, président de la Société asiatique de Bombay, a donné, dans le numéro de janvier 1853 du journal de cette Société, un article intéressant sur la distribution géographique des principales langues de l’Inde, lequel est accompagné d’une carte qui la montra aux yeux.
  2. The Seasons, Autumn. Un vers hindoustani cité dans le Bag o bahar exprime la même idée plus agréablement encore :

    « Celle à qui Dieu a départi l’ornement de la beauté n’a besoin d’aucune autre parure. Vois combien la lune est belle lorsqu’elle se montre sans nuage. »