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à l’urdu mu’alla[1], leurs gazals sur des feuilles volantes, à deux païça (environ dix centimes) la pièce.

À côté de ces poëtes mendiants, nous avons des poëtes de profession, c’est-à-dire des gens de lettres occupés exclusivement de poésie, puis des poëtes amateurs de toutes les classes, et même d’entre les gens du bas peuple, et enfin un bon nombre de poètes rois, des poésies desquels il a été dit : « Les discours des rois sont les rois des discours[2] ». Tels sont, outre les trois rois de Golconde dont j’ai déjà parlé, Ibrahim Adil Schah, roi de Béjapour, le malheureux Tippou, roi de Maïssour, les grands mogols Schah Alam II, Akbar II et Bahadur Schah II, le nabab et les rois d’Aoude Açaf uddaula, Gazi uddin Haïdar et Wajid Ali.

On peut séparer enfin de la masse des poëtes hindoustanis les femmes poëtes, dont j’ai cité plusieurs dans un article spécial[3]. Parmi celles dont je n’ai pas parlé, je puis mentionner la princesse Khala[4], c’est-à-dire la tante maternelle. Elle avait pris, en effet, ce takhallus parce qu’on la désignait familièrement sous ce nom dans le harem de son neveu, le nabab Imad ul mulk de Farrukhabad ; mais son surnom honorifique ou khitab était Badr unniça « la Pleine Lune des Femmes », c’est-à-dire la plus remarquable des femmes[5].

Je citerai aussi Amat ul Fatima Bégam, connue sous le

  1. On a vu plus haut qu’il faut entendre par cette expression le grand marché de Delhi.
  2. Discours d’ouverture du cours d’hindoustani de 1851.
  3. « Les Femmes poëtes de l’Inde, » numéro de mai 1854 de la Revue de l’Orient.
  4. Ce mot est arabe et signifie « la sœur de la mère ». Il est le féminin de khal « frère de la mère, oncle maternel ».
  5. Ischqui, cité par Sprenger.