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Schaukat, qui, de musulman qu’il était, se fit chrétien :

« On dit que Schaukat se lia de grande amitié avec un Européen, à Bénarès, et qu’à son instigation il quitta l’islamisme pour se faire chrétien. Que Dieu nous garde d’un pareil malheur ! Il changea conséquemment son nom de Munif’Ali (exalté par Ali) en celui de Munif Macih (exalté par le Christ). »

Dans ce cas, le changement de nom est presque toujours nécessaire. Un autre poëte hindoustani, qui se nommait Faïz Muhammad (la grâce de Mahomet), prit, en se convertissant au christianisme, le lacab de Faïz Macih (la grâce du Christ).

Il paraît néanmoins qu’à l’exemple des premiers chrétiens, les Hindous convertis conservent leur nom malgré la signification païenne qu’il peut avoir. Ainsi nous avons parmi les auteurs hindoustanis contemporains le Babu Schrî das, c’est-à-dire « le serviteur de Sri (Lakschmi), » qui, devenu musulman, a écrit un ouvrage sur les attributs de Dieu, intitulé Safat Rabb ul’alamin « Perfection du seigneur des créatures. »

Les tazkiras originaux signalent parmi les poëtes hindoustanis quelques Juifs d’origine devenus musulmans. Tels sont Jamal (’Ali) de Mirat, déjà cité, qui vivait à Haïderabad, il y a une soixantaine d’années ; Jawan (Muhibb ullah), de Delhi, médecin de profession, élève de ’Ischc pour la poésie, et Muschtac, l’auteur d’une anthologie.

Quoique les Parsis écrivent généralement en guzarati et quelquefois en persan, il y en a qui ont employé l’hindoustani, et c’est ainsi que Bomangi Doçabji, de Bombay, a donné une édition du Sakuntala natak.

Les mêmes biographes nous signalent parmi les poëtes indiens quelques chrétiens européens, du moins d’origine.