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(1754-55) par le schaïkh Muhammad Quiyâm uddîn Câïm, de la ville de Chandpur. Ce Tazkira offre des renseignements intéressants : il est divisé en trois tabacâts ou classes, c’est à savoir des poëtes anciens, des poëtes intermédiaires et des poëtes modernes, au nombre en tout de cent dix. Ce qu’il y a de singulier à faire observer sur ce Tazkira, c’est que, ainsi que je viens de le dire, l’auteur prétend écrire le premier une biographie des poëtes hindoustanis, ce qui implique qu’il n’a pas connu les précédents Tazkiras, c’est-à-dire non-seulement ceux que nous pouvons supposer avec juste raison avoir existé avant celui de Mîr, mais même ceux de Mîr et de Fath Alî. On peut douter à bon droit de la sincérité de cette assertion, ce qui n’ôte rien, à la vérité, au mérite intrinsèque de l’ouvrage.

Parmi les renseignements qu’on trouve dans ce Tazkira et qui ne figurent pas dans les biographies précédentes, je dois citer le fait bien probable, sinon certain, que le célèbre Saadî de Schiraz a écrit, pendant son voyage dans le Décan, des vers dans le dialecte de cette province, et doit être par conséquent compté parmi les poëtes hindoustanis[1]. Cette assertion avait à la vérité été contredite à l’avance par Mir et par Fath Alî ; car ils avaient attribué les mêmes vers à un prétendu Saadî du Décan. L’opinion de Câïm a été suivie par Kamâl, qui a mis largement à contribution le travail de ce biographe, ainsi que nous le verrons bientôt ; et l’autre opinion a été suivie par Schorisch, qui a écrit son Tazkira environ dix ans après Caïm. Quant aux autres biographes, ils n’ont parlé ni du vrai, ni du prétendu Saadî.

    vail de Câïm, quoique ce dernier, ainsi que je l’ai dit, ait prétendu n’avoir pas connu les Tazkiras antérieurs au sien.

  1. Voyez un travail spécial sur ce sujet dans le Journal As., 1843.