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jusqu’à ce jour tout le monde en fait l’éloge. Quoique le style de Sauda soit excellent aussi et qu’il l’emporte sur Mîr pour le piquant de ses allusions, cependant il lui est inférieur quant au langage. »

Mîr écrivit sa biographie une année environ après la mort de Mukhlis, qui eut lieu en 1164 (1750-51)[1]. C’est par lui même que, nous apprenons qu’il est le premier qui ait écrit un Tazkira spécial des poëtes qui ont écrit en urdu. Voici, en effet, ce qu’il dit dans la préface de son Nikat uschshu’ara : « Il ne doit pas être caché qu’on n’a écrit jusqu’ici aucun ouvrage sur la poétique rekhta (dar fann-i rekhta), expression par laquelle on entend des vers à la manière de la poésie persane dans la langue de l’urdû-é mu’alla[2] de Schâh-Jahân-âbâd ou Delhi, en sorte que ce qui concerne les auteurs qui ont cultivé ce genre de poésie demeure sur la page du siècle. »

Toutefois, si cette assertion est par hasard sincère, elle n’est sans doute pas exacte, car il paraît certain qu’il existait déjà du temps de Mîr des Tazkiras des poètes hindoustanis, attendu que Fath Alî Huçaïnî dit expressément dans la préface du sien, dont il a fixé lui-même la date à l’année 1165 (1750-51), qui est celle du Tazkira de Mîr : qu’il s’est déterminé à écrire son Tazkira, « à cause que ceux qui avaient écrit avant lui des Tazkiras des poètes rekhtas s’étaient attachés, par envie, à les critiquer, ce qu’il avait voulu éviter en les traitant avec impartialité. « Or, quoiqu’on puisse appliquer ce reproche au Tazkira de Mîr, il n’est pas moins vrai que Fath Alî parle au pluriel et qu’on doit

  1. A Catalogue, t. I, p. 176.
  2. Cette expression a été expliquée plus haut. Le Dr Sprenger l’a traduite à tort, je crois, par « la cour élevée de Delhi » ; car on n’y a jamais parlé l’urdu.