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poètes » par Mîr (Muhammad Taquî), qui est lui-même un des poëtes les plus habiles et les plus célèbres. Ce Tazkira, écrit en persan, contient des notices succinctes sur une centaine de poëtes avec des remarques critiques sur leurs vers.

À ce que j’ai dit de Mîr, dans mon Histoire de la littérature hindoustanie, je dois ajouter que Mîr est le takhallus[1] du poëte, et non son titre d’honneur. Le biographe Schorisch fait observer, en effet, qu’il était schaïkh et non saïyid. Il était neveu du poëte Arzû et natif d’Agra ; mais, après la mort de son père, il alla résider à Delhi auprès de son oncle, qui corrigea ses vers. En 1196 (1781-82), il alla à Lakhnau, où Açaf uddaula lui donna une pension de 200 à 300 roupies (600 à 900 fr.) par mois, et il mourut dans cette ville, presque centenaire.

Kamâl, qui écrivait son Majmu’a-i intikhâb en 1804, dit que Mîr avait alors plus de quatre-vingts ans. La date de son décès nous est fournie par un chronogramme de Nâcikh qui la recule jusqu’à 1225 (1810-11), l’année même de l’impression de ses Kulliyat. On lit néanmoins dans des biographies qu’il était mort à Lakhnau entre 1215 (1800-01) et 1221 (1806-07).

Cacim le blâme pour la recherche de son Tazkira et pour les remarques critiques qu’il fait sur ses contemporains ; mais il est dit de lui dans l’Açar ussanadid : « Le langage de Mîr est tellement pur, et les expressions qu’il emploie sont tellement convenables et naturelles, que

  1. Sur le Takhallus, voyez, mon « Mémoire sur les noms et titres musulmans ». Lorsque je publiai ce mémoire, en 1854, j’ignorais que le patriarche de la littérature orientale, le vénérable de Hammer-Purgstall, en avait publié un dès 1852 sur les noms des Arabes, Ueber die Namen des Araber, mémoire qui ne laisse rien à désirer sur ce point.