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on, ne lui apporta pas même les deux fioles ; dès lors il ne voulut plus fumer. Après trois jours, son hucca bardar lui dit : « Le dévoué a pu économiser, par la faveur de l’asile du monde (Aurangzeb), de quoi fournir à Votre Majesté, outre la dépense de la coupe, à fumer dix pipes pleines pendant nombre d’années. Il espère que Votre Majesté voudra bien lui donner l’ordre de préparer la salle pour fumer le tabac, afin que le scion de la fidélité soit planté dans la terre de l’honneur. » Tana répondit : « Sa Majesté élevée (Aurangzeb) se préoccupe beaucoup das prescriptions de la loi, quoiqu’il ait creusé la mosquée (de la Mecque), et qu’il s’en soit approprié le trésor. S’il apprend cela, il voudra que tu lui remettes en cautionnement le capital de la dépense que tu ferais pour mon hucca. » Alors le hucca bardar, ayant mis la main sur la tête, se mit à pleurer.

» Depuis ce jour, Tana ne fuma plus, tant qu’il resta prisonnier, et jusqu’à ce qu’il passa de cette habitation périssable à l’honneur du séjour éternel. Ô Dieu ! si on regardait les choses avec l’œil de la certitude, on se convaincrait que le monde est à la fois un séjour de peine et une maison d’avertissement.

Vers. — Où sont les heureux Khosroës et Jamsched ? Où est Cubad, où sont Alexandre et Darius ? Où est Caïcâus ? En contemplant avec les deux yeux de l’observation ces personnages qui étaient enivrés par leur haut rang, on ne pourra que déplorer et plaindre leur sort.

» Puisque l’intelligence du gouvernement, pour la conquête et la possession des royaumes, est parfaitement possédée par les rois de race illustre, ce pauvre (l’auteur), du coin qu’il habite, peut-il s’immiscer dans ces affaires ?