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vains rekhtas de cette ville. Il fut le contemporain de Schah Najm uddin Abru et de Mirza Rafi Sauda. C’était un poète éloquent, et il est auteur de deux divans : un dans lequel il a employé beaucoup d’expressions difficiles à comprendre[1], et l’autre qu’il a écrit à la moderne. Ce poète réunit ainsi en sa personne la manière des modernes et celle des anciens. »

(Suit une citation de vingt vers extraits des poésies de Hâtim, et dont j’ai donné ailleurs un échantillon).

Voici le second article, qui a pour sujet un roi poète, c’est à savoir Abu’lhaçan, roi de Golconde, qui monta sur le trône en 1080 (1672-73), et qui, à la prise de la ville de Golconde par Aurangzeb, en 1690, fut retenu par ce dernier en prison et y mourut en 1704. De même que son prédécesseur, Abd Allah Cutb Schah, il ne se contenta pas de cultiver la littérature hindoustanie sous le takhallus de Tana ou Tana Schah (le roi Tana), mais il en fut le patron, et on cite entre autres un de ses officiers, Mirza (Abu’lcacim), parmi les poètes hindoustanis les plus distingués de cette époque dans le Décan.

« Tana Schah est le nom insigne et l’appellation honorable de ce roi, ami du plaisir, Abu’lhaçan Schah. Il était du nombre des sultans célèbres et des potentats de haute dignité du Décan. Quoique la renommée des plaisirs et des joies de ce personnage bon vivant, et la célébrité de ses récréations et de ses divertissements soient connues jusqu’à la lune et au poisson[2], toutefois, il me paraît nécessaire d’écrire

  1. Ibham, « obscurité ». On entend par là le style ancien, lequel était très-recherché et plein de mois arabes et persans. Il en a été parlé dans la citation de Saiyid Ahmad.
  2. Expression métaphorique qui signifie jusqu’aux extrémités du monde, en haut et en bas.