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sance, car les Orientaux n’ont pas d’état civil et ne savent généralement pas leur âge. On est souvent réduit à conjecturer, par le style des citations, le siècle dans lequel le poète a écrit, ce qui est souvent impossible, à cause des altérations que les copistes font subir aux textes.

Toutefois, les auteurs de ces ouvrages cherchent à les grossir de noms de poètes fort insignifiants quelquefois inconnus, absolument comme nos entrepreneurs de biographies qui, pour augmenter le nombre de leurs volumes, vont déterrer les noms les plus obscurs. Mais, ainsi que l’a dit Cooper de ces illustres inconnus :

Oh, fond attempt to give a deathless lot
To names ignoble, born to be forgot !
In vain, recorded in historic page,
They court the notice of a future age.

Ainsi ces biographies ne sont pas des modèles de critique. Il y a souvent confusion entre des poètes qui ont, par hasard, le même nom et le même surnom, et il est très-difficile de déterminer s’il y a double emploi, à cause du manque de détails. C’est néanmoins, on le voit, un genre particulier de composition qui a son intérêt et qui peut avoir son mérite, et il n’est pas étonnant qu’il ait été cultivé par un bon nombre d’écrivains. Incidemment, ces tazkiras nous apprennent beaucoup de choses utiles à l’histoire littéraire de l’Inde. Ainsi, nous y voyons que les Indiens ont des réunions poétiques ou littéraires nommées mu’aschara, sortes d’académies fondées dans le but spécial de cultiver la poésie urdue, et où les beaux esprits s’évertuent à composer des vers ex tempore, ou à réciter ceux qu’ils ont préparés à l’avance. Ces réunions, qui ont lieu dans les principales villes de l’Inde, se composent de quinze à vingt personnages fort let-