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Il existe dans la littérature musulmane un genre particulier de composition qui n’est pas notre fable, mais une série de fables renfermées dans un cadre et formant une composition unique, d’un but moral et quelquefois philosophique et religieux. Tels sont les ouvrages intitulés : Kaschf ulasrar[1], Mantic uttaïr[2], Ikhwan ussafa[3], et plusieurs autres qui ont acquis de la célébrité. L’Ikhwan ussafa est populaire dans l’Inde, grâce à l’élégante traduction qu’en a faite Ikram Ali. Là, les animaux viennent tour à tour développer leurs qualités et leur donner même l’avantage sur celles de l’homme. Dieu, il est vrai, nous offre souvent dans les animaux des modèles à suivre, et c’est ainsi que le fabuliste Gay a dit :

The daily labours of the bee
Awake my soul to industry
Who can observe the careful ant
And not provide for future want?
My dog the trustiest of his kind
With gratitude inflames my mind…
In constancy and nuptial love
I learn my duty from the dove…
And ev’ry fowl that flies at large
Instructs me in a parent’s charge
[4].

Ce genre de composition n’exclut pas le véritable apologue. Le plus célèbre en ce genre, le Pancha tantra, « les

  1. Par Mucaddéci, publié sous le titre de les Oiseaux et les Fleurs.
  2. Le langage des oiseaux, par Farid uddin Attar, dont j’ai publié le texte et la traduction.
  3. Je ne parle ici que de la partie allégorique de cet ouvrage, sur lequel on peut consulter le tome IX des Notices et Extraits des manuscrits, p. 397 ; le Journal des Savants, 1817, p. 685, et le Journal de la Société asiatique de Calcutta, nos de juin et d’août 1848.
  4. The Shepherd and the Philosopher ; je l’ai traduite sous le titre de les Animaux.