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leurs compositions littéraires en sanscrit et les musulmans en persan, et on n’écrivait dans les idiomes usuels que des chants populaires ; mais peu à peu des ouvrages remarquables fixèrent les dialectes indiens, qui ont aujourd’hui, ainsi que l’a dit avec juste raison l’éminent indianiste Wilson, une littérature qui leur est propre et qui offre un grand intérêt[1].

Voici ce que Saïyid Ahmad, écrivain contemporain, dit au sujet de l’urdu dans son Açar ussanadid, sous le titre d’Éclaircissements sur la langue urdue[2].

« Dans le royaume des Hindous, on parlait, on lisait et on écrivait la langue hindie. Lorsqu’en l’année 587 de l’hégire, 1191 de Jésus-Christ, et 1248 de Bikrmajit, l’empire des musulmans s’établit à Dehli, on tint en persan les écritures de l’administration royale ; mais la langue des rayas resta (à peu près) la même. Jusqu’en l’année 894 de l’hégire, 1488 de Jésus-Christ, le persan ne fut usité que pour les écritures de l’administration royale et ne s’introduisit pas parmi le peuple. Peu de temps après, pendant le règne du sultan Sikandar Lodi, les kayaths[3], qui étaient généralement chargés des affaires de l’État et de la tenue des registres, se mirent, les premiers d’entre les Hindous, à écrire en persan ; puis, peu à peu, d’autres catégories de personnes les imitèrent, et ainsi l’usage du persan se répandit parmi les Hindous.

» Jusqu’au temps de Baber et de Jahanguir, le hindi

  1. J’ai pris ces mots pour épigraphe de mon Histoire de la littérature hindoustani.
  2. P. 104, chap. III.
  3. On nomme ainsi en hindoustani les kayastha des livres sanscrits, c’est-à-dire les membres de la sous-caste des écrivains, dont l’écriture nagari cursive est appelée, d’après leur nom, kalthi-nagari.