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dévots Hindous d’aller se baigner ce jour-là dans ce fleuve pour être purifiés de leurs péchés.

L’union des Hindous et des musulmans dans l’Inde est plus réelle qu’on ne croit. Les musulmans tachent d’expliquer conformément à leurs croyances, d’après l’éclectisme du grand Akbar, les croyances hindoues. J’en ai cité dans l’occasion des exemples. J’en trouve aujourd’hui un nouveau dans un gazal urdu sur la pierre, par un poëte de Lakhnau, le raïs Wajid Ali, élève de Dabir et d’Acir[1]. Ce gazal, dont les vers se terminent tous par le mot patthar « pierre », et qui roule en général sur le « cœur de pierre » de la maîtresse platonique de l’auteur, débute par quelques vers dont voici la traduction :

« Ô brahmane, tu ne dois pas rendre à la pierre plus de respect qu’elle ne mérite, mais il est vrai que tu peux y voir l’image de Dieu.

« Sévères prédicateurs, pourquoi méprisez-vous la pierre ? Les brahmanes en vénèrent-ils les défauts ?…

« Le pèlerinage de la Mecque (hajj) est-il valable si on ne baise pas la pierre noire[2] ? C’est ainsi que le culte de Dieu est complété par l’hommage qu’on rend à la pierre. »

L’Anjuman-i islâmiya de Delhi a tenu le 22 mai dernier une séance sur laquelle je trouve les détails suivants dans le Panjâbî[3] :

« Beaucoup de membres distingués de la Société prirent part à cette réunion. Le principal fut l’aga Haçan Khan Bahadur, qui a obtenu, à cause de son dévouement au gouvernement anglais, une pension annuelle de mille roupies, et que le Prince de Galles a appelé en Angleterre. Le secrétaire Khwaja Ali Ahmad expliqua la cause de l’établissement de cette Société ; et il développa ensuite tout ce qu’elle avait

  1. Awadh Akhbâr du 3 janvier 1876.
  2. Voir « l’Islamisme », article du Pèlerinage, p. 277.
  3. N° du 10 juin 1876.