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hindoustaniens peuvent-ils être satisfaits du gouvernement anglais ? » un article de l’Awadh Akhbâr[1] que je demande la permission de traduire ici comme un exemple du genre d’opposition que font au gouvernement quelques journaux indigènes :

« La réponse à cette question, dit ce journal, peut se déduire de la situation même de l’Hindoustan, c’est-à-dire “de la langue de l’état[2]”, qui semble dire : Apprenez ce que vous voulez savoir par notre situation même. Mais cependant il y a quelque incertitude à ce sujet, et c’est parce que l’homme a deux états, un extérieur ou factice et l’autre qui est réel. L’état factice est celui que le gouvernement connait par les darbâr[3], où on nous demande si nous sommes contents. Alors, sans réflexion, nous répondons affirmativement ; mais Dieu seul connait l’intérieur de notre cœur. Si une réunion avait lieu d’elle-même, alors tout naturellement chacun dirait : Nous ne sommes pas contents de l’administration, car pour que nous fussions contents beaucoup de choses seraient nécessaires. Ainsi quant à ce bien-être et à cette abondance asiatique que nous avions autrefois trouvés, notre gouvernement actuel n’en a pas su lire la leçon. Le gouvernement doit faire les choses qui peuvent nous satisfaire. Le cœur de l’homme est content lorsqu’on lui accorde quelque faveur. Voyez le Prince de Galles, qui est l’héritier présomptif d’une grande Reine, là où on lui a témoigné beaucoup de sympathie, son cœur a été plus content ; et comme tout l’Hindoustan a dépensé de l’or à cause de lui comme marque de déférence, ainsi qu’il convenait de le faire, il en a été flatté. Toutefois, ni cette largesse des indiens, ni leur satisfaction apparente, ne viennent du cœur.

  1. No du 28 mai 1876.
  2. Liçân ulhâl, qui joue un grand rôle dans les « Allégories arabes de Mucaddéci ».
  3. « Réceptions officielles ».