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des principaux rajas de Kattiawar, dans l’ouest de l’Inde. Ce prince, qui n’a que vingt ans, voudrait devenir chrétien ; mais il a quatre femmes qu’il a épousées le même jour il y a trois ans, étant âgé de dix-sept ans. La moins jeune de ces femmes à vingt-deux ans, les autres en ont douze, quinze et seize. Les missionnaires qui s’occupent de la conversion de ce prince lui ont déclaré qu’il ne pouvait garder ses quatre femmes. Il préfère celle de quinze ans, mais que deviendront les autres[1] ? Ne pourrait-on pas les considérer comme veuves et les remarier ? Ce serait une heureuse application des principes que des hommes généreux cherchent à propager chez les Indiens.

Le munschi Piyari Lal[2], qui est président du comité qui s’occupe de prendre des mesures pour diminuer les dépenses que les Hindous font à l’occasion de leurs mariages, est très-zélé pour cette entreprise ; il parcourt à cet effet le zila du Bihar oriental, il réunit des comités, il fait des discours et donne des avis qui produisent beaucoup d’effet sur ses auditeurs ; bien plus, avec l’autorisation de l’autorité, il a publié des règles pour les dépenses du mariage selon chaque village, portant que quiconque ne s’y conformera pas en répondra devant les magistrats du zila[3].

Il y a eu à Pouna, le 30 juillet dernier, une grande réunion au sujet des mariages prématurés et des fâcheuses conséquences qui en sont la suite. On y a entendu à ce sujet un éloquent discours du raé Bahadur Gobind Rama, qui, après avoir fait ressortir les inconvénients de tout genre de ces mariages, a soutenu qu’ils étaient opposés à l’enseignement des schâstar[4] ; mais tandis que les philanthropes indiens

  1. « Galignani’s Messenger » du 14 septembre 1876.
  2. Sur cet Hindou distingué, voy. mon « Hist. de la littér. bind. », t. II, p. 506, et passim, dans mes « Revues ».
  3. Awadh Akhbâr du 21 avril 1876.
  4. Awadh Akhbâr du 11 août 1876.