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existe ; dans le pays au contraire où il n’y a pas de journaux, les sujets ne sont jamais tranquilles. Au moyen des journaux le gouvernement sait ce que pensent les sujets, et ceux-ci connaissent les dispositions, du gouvernement. Les avantages des journaux sont incontestables… »

Le ’Alîgarh Akhbâr[1] loue beaucoup le lieutenant gouverneur du Bengale, sir Richard Temple, de son bon vouloir relativement aux journaux indigènes. Il fait observer avec raison qu’il faut distinguer les critiques bienveillantes des critiques malveillantes. « Le gouvernement peut profiter, dit-il, des premières et en être même reconnaissant, car les opinions indépendantes sont utiles à connaître et, méritent de la considération. Il y a quelquefois même à profiter des critiques malveillantes, car souvent cette malveillance apparente cache une intention favorable au gouvernement. Le lieutenant gouverneur est persuadé de la justesse de ces réflexions, et il est disposé à y appliquer son attention. Si les journaux étaient toujours favorables au gouvernement, on pourrait croire que c’est par crainte et que le mécontentement renfermé dans le cœur n’ose se manifester, au lieu qu’en les exprimant les journalistes viennent en aide au gouvernement. Alors, lorsque les journalistes louent l’administration sur une mesure qu’elle prend, on ne peut douter qu’ils ne soient sincères. Le lieutenant gouverneur voit avec plaisir que les Indiens sont attachés au gouvernement anglais et qu’ils le préfèrent à tout autre gouvernement européen, spécialement au gouvernement de la Russie, qui semble s’avancer vers l’Hindoustan. L’apprébension que les indigènes paraissent avoir d’être un jour sujets de cet immense empire est une preuve de leur amour pour l’Angleterre, qu’ils savent être plus libérale, et sous la domination de laquelle leur position, leur fortune, leur honneur, leur religion n’ont rien à craindre. »

  1. N° du 25 février 1876.