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certain temps les journaux y sont en circulation, le progrès qui éclaire le monde s’y manifeste. Ainsi, bien que la lumière primitive et l’éclat antérieur ne lui soient pas revenus, néanmoins ces temps-ci valent mieux que les temps dernièrement écoulés. Par l’effet des journaux, une certaine instruction s’est répandue dans toute l’Inde, qui, au lieu d’être appelée contrée ténébreuse, c’est-à-dire terre d'ignorance, pourra être nommée à juste titre terre lumineuse, parce qu’au moyen du flambeau des journaux, le peuple sort en effet des ténèbres de l’ignorance et va s’abreuver à la fontaine de la science et de l’excellence qui conduit a l’amélioration des mœurs...

Maintenant des journaux de toute espèce, hindoustanis, anglais, persans et arabes[1] sont répandus dans ce pays. À mesure ne le nombre des journaux augmente, l’instruction fait des progrès et devient plus générale. Il est donc à espérer que dans peu de temps l’Hmdoustan sera à l’unisson des pays d’élite. Que d’avantages ne résultent pas des journaux ! C’est par eux que chaque jour des arts et des inventions extraordinaires sont dévoilés, que des dispositions politiques, que des questions ingénieuses, que des discussions scientifiques, que des déductions rationnelles sont manifestées aux gens d’esprit qui réfléchissent et qui s’appuient sur la raison et sur l’expérience. La situation des pays étrangers, leurs mœurs et leurs usages, qu’on ne peut connaître en parcourant des livres pendant toute la vie nous sont connus par une seule feuille de journal. Les journaux peuvent faire l’office d’un conseiller bienveillant ; par leur moyen, la réforme du pays est possible. Cette contrée jouit de la sécurité et de la tranquillité dans laquelle la liberté de la presse

  1. ll y en a un seul dans l’Inde, qui est celui de Lahore, intitulé Mu fïd-i ’âm « l’Utile à tous ». H. Hassoun, savant syrien, vient d’en fonder un à Londres sous le titre de Mirzât ulakwâl « le Miroir des événements ».