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plus blancs que ceux des plaines. Il est aussi généralement évident que dans les pays où l’on se procure facilement toute espèce de nourriture, et de bonne qualité, les habitants ont une physionomie plus agréable et des mœurs plus douces, et que c’est au contraire dans les pays improductifs que l’on trouve des sauvages et des cannibales. Quatre choses différentes produisent donc les effets extérieurs dont nous venons de parler : 1° la terre ; 2° l’eau et l’air ; 3° la nourriture ; 4° les phénomènes de la puissance divine. Les habitants des pays dont le climat est bon sont bien portants, vigoureux et résolus. Si la terre porte peu de fruits, ils y suppléent par leur travail, que guide leur intelligence. C’est ainsi que l’Europe est arrivée à un progrès que rien ne semble devoir arrêter. Les anciens habitants de l’Hindoustan éprouvèrent l’influence du climat ; les musulmans même nouvellement arrivés subirent la même influence, au point qu’il est difficile de les distinguer des Hindous sous le rapport physique. Ils n’ont plus aussi, quant à leurs sciences, leur esprit et leur aptitude, la force et l’énergie qu’ils avaient d’abord. Ainsi c’est aux causes que nous avons indiquées que doivent être attribués les mœurs et les usages des nations ; ces causes sont persistantes, et il est bien difficile et même impossible de les changer. Dans l’Hindoustan, les esprits ont été émerveillés par les montagnes, les jangles, les rivières, les déserts qu’on y trouve ; les tremblements de terre et les autres phénomènes de la puissance divine y ont étonné et déconcerté à l’esprit de l’homme, mais les Indiens n’ont pas cherché à en comprendre les causes : ils ont au contraire donné cours à leur imagination, et ils ont admiré les choses étonnantes et merveilleuses dont ils étaient témoins. Chez les Grecs, la manifestation de la puissance divine était moins énergique ; aussi l’idée de la faiblesse et de la nullité de l’homme ne s’est pas développée chez eux comme chez les Hindous. Il en a été de même en Europe, où ces manifestations de la puissance divine, bien loin de donner cours à la fantaisie et