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sous le nom de kiré makoré (vers et fourmis). Il n’y a pas de doute qu’employer ces signes de lecture, s’ils étaient convenablement écrits et parfaitement compris, serait une bonne chose. Mais si l’on ne connaît pas bien tous ces signes étrangers et extraordinaires, ou s’ils ne sont pas écrits conformément aux règles, peut-il en résulter autre chose, si ce n’est que le lecteur fasse, en lisant, des fautes manifestes et qu’il conçoive un éloignement prononcé pour cette innovation ? »

II. Le rédacteur de l’Awadh Akhbâr[1] revient, dans les termes suivants, sur la rivalité des poëtes hindoustanis de Lakhnau et de Delhi, dont il avait parlé et que j’ai fait connaître dans ma précédente « Revue »[2]. « Bien des gens inattentifs, dit-il, demandent s’il y a maintenant à Dehli quelque chose de littéraire : Quels sont, disent-ils, les gens de science et d’intelligence qui y existent encore et de qui on puisse se glorifier ? Qu’est devenu le beau langage qui en recevait son nom[3] ? Selon nous, cette demande est injustifiable. Il faut confesser que parmi les auteurs récents, tels que le mufti Sadr uddin Khan, le Dr. Ahçan ullah Khan, le Dr. Munim Khan, le nabab Açad ullah Khan, Sahbayi, Zauc, Zafar, etc., il y a un grand nombre qui étaient parfaits et qui sont décédés ; mais de ceux qui sont vivants, combien n’y en a-t-il pas qui sont restés inconnus à cause de leur modestie ?… Dans ces derniers temps, il est aussi mort à Lakhnau bien des savants, dont le nom est en mémoire sur la page du siècle ; mais quant à ce qui concerne spécialement Delhi, cette ville a repris sa fraîcheur et sa verdeur, et, pour toutes ses beautés, elle ressemble au para-

  1. N° du 12 novembre 1875.
  2. « Les Auteurs hindoustanis et leurs outrages en 1875 », p. 22 et suiv.
  3. « Le langage de la cour », le zabân-î urdû é mu’alla, « la langue du grand camp (et marché) de Dehli. »