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nistre pour l’Inde. Dans tous les cas, le gouverneur d’Haïderabad n’entre pas dans cette voie facheuse, car il demande, par l’entremise de l’Awadh Akhbâr[1], des traducteurs d’ouvrages anglais en urdu, et il fait connaître les conditions de l’emploi.

Il n’y a pas chez les auteurs, et surtout chez les poëtes, l’antagonisme que j’ai souvent signalé entre l’urdu et l’hindi. Ainsi, nous voyons le même auteur écrire deux grammaires presque pareilles, l’une pour l’urdu et l’autre pour l’hindi[2]. Parmi les écrivains qui se sont servis tour à tour des deux dialectes, et qui sont à ajouter à ceux que j’ai mentionnés dans mon « Histoire de la littérature hindoustanie », on nous en fait connaitre un, entre autres, qui, à en croire son biographe[3], réunit toutes sortes de mérites : c’est l’aga Muhammad Sikandar Khan, qui descend du diwan Fath Ali, chef de Palanpur. Bien que musulman, « Sikandar apprit d’abord à lire et à écrire le dévanagari (l’hindi) ; il fit des dohâ et des chaupaï en cette langue, il s’occupa ensuite de musique et y acquit une grande habileté ; il apprit aussi le dessin, et y réussit de même ; il voulut enfin faire des vers urdus, et il étudia le persan. Aucune science ne lui est indifférente : il connaît la médecine et l’histoire. »

On veut européaniser non-seulement le style oriental, mais même l’écriture. « Dans quelques ouvrages et journaux urdus[4], on a commencé à employer les signes de lecture européens ; mais, soit à cause que ces signes sont tout à fait inconnus dans l’Inde, soit parce que les copistes hindous, n’en ayant pas l’habitude, ne peuvent les écrire comme il faut, et enfin, en troisième lieu, parce que ceux qui lisent les journaux ne les comprennent pas, ces signes sont connus

  1. N° du 13 février 1876.
  2. « Revue » de 1875, p. 33.
  3. Le munschi Aschraf Ali, Awadh Akhbâr, n° du 28 janvier 1876.
  4. Cet article est tiré de l’Awadh Akhbâr du 14 novembre 1875.