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« La calamité de l’introduction dans le Bihar du caractère nagari », tel est le titre d’un article[1] que je veux faire connaître :

« Le gouvernement du Bengale, y est-il dit, insiste maintenant pour que, dans les registres du Bihar, le nagari soit généralement employé, ce dont les magistrats et les fonctionnaires du gouvernement et tout le peuple sont très-mécontents On ignore pourquoi le gouvernement du Bengale, contrairement aux autres gouvernements, peut vouloir, malgré la population, donner l’ordre absolu de n’employer pour les billets et obligations que l’écriture nagarie et le dialecte hindi. La chose est vraiment étonnante, car quel rapport a le gouvernement avec les contrats particuliers des habitants, en sorte qu’il veuille s’y immiscer par force ? Certainement, il a le droit, pour ses registres et ses papiers, d’employer le caractère qui lui convient, mais les usages particuliers du peuple ne le concernent en rien. »

Voici qui est bien plus fort, et qui prouve que les révolutionnaires littéraires, démolisseurs de la civilisation moderne indienne, veulent continuer la campagne fanatique qu’ils ont entreprise contre l’urdu. Dans la province (ancien royaume) d’Aoude, où l’urdu a toujours été le langage parlé et écrit depuis plus de trois siècles et demi, c’est-à-dire depuis l’établissement de l’empire mogol, le commissaire du gouvernement s’est avisé de vouloir substituer à cette belle langue le patois hindi nommé kaïthî. Un journal indigène[2] nous apprend à ce sujet, et nous n’en sommes pas étonné, l’indignation et le mécontentement général de toutes les classes de la société, tant des fonctionnaires que des autres catégories de la population.

Je prends la liberté d’appeler sur cette grande injustice linguistique l’attention du vice-roi gouverneur et du mi-

  1. Awadh Akhbâr du 19 janvier 1876.
  2. ’Aligarh Akhbâr du 18 août 1876.