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sion et qu’il se forma beaucoup de ramifications dans la religion chrétienne. De la même manière, parmi les musulmans, après le Prophète, l’heureuse entente ne dura pas ; particulièrement depuis le troisième khalifat, des querelles et des disputes commencèrent a s’élever, et il y eut même des combats entre musulmans. L’inhumanité et la sauvagerie se manifestèrent ; enfin la force du sabre fut considérée comme une grande chose. Dès le treizième siècle (de l’ère chrétienne) l’islamisme s’affaiblit dans la plupart des pays. Toutefois comme toute la doctrine islamique est consignée en détail et graduellement dans le Coran, tant les principes fondamentaux que ceux qui en dérivent, et que ce livre divin comprend la loi et les préceptes, la base de l’islamisme est solide. Il peut y avoir des milliers de côtés faibles dans l’islamisme ; toutefois, à cause de l’existence permanente du Coran, l’accord et la paix devraient avoir nécessairement lieu parmi les musulmans. La langue arabe (dans laquelle est écrit le Coran) est peu usitée (dans l’Inde), mais elle l’est chez les Arabes, et à cause de cela il n’y a pas de divergence entre les musulmans d’Arabie. En Perse et dans l’Hindoustan, les mollas[1] ont établi des différences, et ils ont propagé leur distinction particulière de maîtres et de disciples dans le but d’acquérir de l’honneur et de la considération.

Quand les rois de l’islamisme ont commencé à être dépourvus de science et que l’épée de l’ignorance a eu généralement le dessus, les mollas ont acquis de la hardiesse, et de simples faquîh[2] ont mis en avant avec mauvaise intention des fraudes littéraires. Maintenant que quelques chefs (raïs) musulmans sont autant considérés que l’étaient les sultans, et que le Coran accompagné d’une traduction hindoustani mot pour mot est imprimé, nous espérons que l’essence véritable de l’islamisme sera manifeste, et qu’une loi tenant un juste

  1. Corruption de maulâ « docteur, savant », etc.
  2. « Théologien ».