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chez eux comme chez les chrétiens deux partis, un ancien, mais en réalité novateur et hérétique, et l’autre (le wahâbî) sans innovation, c’est-à-dire celui des musulmans, qui après Dieu n’admettent les anciens prophètes que dans une certaine limite, bien qu’ils les reconnaissent comme très-respectables. Cette secte est peu nombreuse, comme celle des unitaires. Leur croyance à l’unité divine est vraie et réelle ; toutefois ils tiennent a l’extérieur de la religion, et, comme les Juifs, ils paraissent attachés aux préceptes du jeûne et de la prière. En considérant la réalité des choses, cette secte doit faire très-promptement des progrès. Si dans la secte des schi’as les sots n’avaient pas le dessus, ils progresseraient comme les sunnis, mais cette secte semble devoir rester dans l’état de décadence et d’avilissement où elle se trouve sans s’en douter.

La secte des sofis. En réalité, cette secte existe dans chaque religion, soit hindoue, soit musulmane, soit chrétienne, et son but est l’enseignement spirituel, en sorte que chez les Hindous, les joguis, les sâdhus, etc., sont de véritables faquirs. Quoiqu’il n’y ait dans le Coran aucun enseignement de ces choses, toutefois le brillant allégorique du taçauûf (sofisme) est agréable aux gens qui ont le goût des choses spirituelles, et ils sont enlacés dans les agissements des chefs et des disciples de cette doctrine[1].

Quoique maintenant tout le monde reconnaisse la sottise et l’entêtement des musulmans, cependant l’islamisme dans l’origine, tel qu’il est exposé dans le Coran, n’offre pas ces défauts, car après chaque prophète il y a eu des dissidences et de la décadence dans la religion. C’est ainsi qu’après, Notre-Seigneur Jésus (sur qui soit la paix !) il y eut dissen-

  1. Un tapaswî (faquir hindou), nommé Kacidas Buwa, vient de donner un exemple de la tolérance de ces philosophes religieux, car il a fait le voyage d’Angleterre pour visiter le maharaja Dhulip Singh, bien que ce prince se soit fait chrétien.